L E S I N S T A N T S
Chrystel Mukeba prélève et donne à voir les fragments intimes d’un quotidien qui semble s’écouler hors du temps.
On s’y glisse à pas feutrés, page après page, entre bruissements et murmures.
Dans l’attention particulière portée aux plus petits détails, on croit lire le désir de la photographe de troquer ses yeux pour ceux de l’enfance.
S’ils apparaissent parfois clos, se soustrayant au regard, ou parfois même implorants, ce sont ces mêmes yeux qui font advenir de toute chose un évènement.
À leur contact, une coquille d’escargot logée au creux de la main, un refet dans l’eau, ou simplement les taches de soleil dansant sur le mur deviennent source d’enchantement.
La poésie du détail qui s’esquisse dans ces tous petits riens a le prodigieux pouvoir de raviver, en sollicitant nos sens, des émotions enfouies dans notre mémoire.
Saisir la grâce fragile et fugitive de ces précieux instants semble relever d’une quête d’éternité dont la photographie se fait souvent l’instrument.
Peut-être l’acte d’enregistrement trahit-il ici précisément la peur de la perte.
Car parmi les vivants, s’invite aussi la marque d’une absence. On en guette la présence indicible dans les
ombres portées, les voiles de brumes ou les halos de lumière blanche.
Elle signe en creux cette irrépressible envie de fxer dans la durée le cours éphémère des petites
choses de la vie, de suspendre enfn le temps et même peut-être de rêver follement à le vaincre.
TEXTE MARIE PAPAZOGLOU, CURATRICE
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